Retour Retour à l’aperçu
07.
janvier
2020

« Pendant des jours, j’étais comme dans un film »

En 2016, la skieuse alpine Aline Danioth remportait deux médailles d'or et deux de bronze aux Jeux Olympiques de la Jeunesse à Lillehammer. Quatre ans plus tard et peu avant le début des Jeux Olympiques de la Jeunesse de Lausanne 2020, elle revient sur cette période et parle de sa recette du succès de l'époque.

Lorsque les Jeux Olympiques de la Jeunesse commenceront le 9 janvier 2020 à Lausanne, cela me rappellera un moment très particulier. Les Jeux de la Jeunesse de Lillehammer 2016 sont inoubliables ! Je me souviens qu'au départ, je n'avais pas du tout d'attentes par rapport à l'événement. En raison de mes épreuves en Coupe d'Europe, j’étais arrivée en retard et un peu stressée.

“Je n'avais pas eu le temps d'imaginer ce qui allait m’arriver en Norvège. Et pour être honnête, je ne me réjouissais pas plus que pour un autre événement. ”

Je savais juste que j’allais participer à quatre courses : Super-G, combiné, slalom géant et slalom. Le seul but que je m'étais fixé était le slalom. Je voulais gagner dans ma discipline de prédilection.

Quand je suis arrivée au village olympique à Lillehammer, j'ai immédiatement réalisé que cela allait être quelque chose de complètement différent qu’une halte habituelle sur le circuit. Rien que les contrôles de sécurité à l'entrée... C'était comme être à l'aéroport !

Dans le village lui-même ensuite, tout était grand et vaste. J'ai rencontré beaucoup d’athlètes de nombreux pays et sports différents. Et tout tournait autour de nous, les athlètes – tous les besoins étaient adaptés à nous. Je me sentais presque comme une star !

En tant que « star », on ressent cependant aussi une certaine pression, et celle-ci n’a pas tardé à arriver. Soudain, je me suis dit que je voulais réaliser des performances de haut niveau, et je savais que j'en étais capable. Mes entraîneurs m'ont eux aussi assuré que j’étais en bonne forme et qu'ils pensaient que je pouvais réaliser quelque chose lors de ces JOJ.

Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour m'adapter aux conditions. Je n'ai effectué qu'une seule séance d'entraînement avant ma première course, le Super-G. J’ai démarré la course sans attentes, mais au final, j'ai terminé à la troisième place. Lorsque j’ai eu la médaille autour du cou, toute la pression que je m’étais mise a disparu.

A partir de ce moment-là, j’ai clairement pu surfer sur la vague. Un jour après ma médaille de bronze en Super-G, je remportais le combiné – devant ma coéquipière suisse Mélanie Meillard. J’ai ensuite pris la troisième place du slalom géant, que Mélanie a remporté. Au moment où est arrivé le slalom, j'avais réussi à rester concentrée sur cette course si importante pour moi, malgré les médailles déjà gagnées.

“Ma confiance en moi n'a jamais été aussi élevée qu'avant le slalom de Lillehammer. J'ai gagné avec une avance de 1,39 seconde.”

Avec le recul, il me semble que pendant des jours, j'étais comme dans un film. J'avais à peine une seconde de libre. Après les courses, il y avait la remise des médailles, après être revenue au village olympique, je mangeais quelque chose, puis j’allais directement en salle de force, je me couchais et le matin d’après avait lieu la course suivante.

Encore maintenant, je me rends compte à quel point les Jeux Olympiques de la Jeunesse sont une excellente préparation pour les talents. Ils montrent aux jeunes athlètes à quoi pourrait ressembler leur vie en Coupe du monde, avec l'élite.

J'ai également été surprise par l'attention engendrée par mes succès. J'ai reçu des dizaines de messages et je me suis alors demandé : « Quoi ! Ils savent tous ce que je fais à Lillehammer ?! »

© OIS Photos

© OIS Photos

Malheureusement, en raison de mon programme de compétition très chargé, je n'ai pas eu le temps de participer aux nombreuses activités proposées en parallèle. Mais j'ai au moins pu encourager mes coéquipiers du Swiss Olympic Youth Team à deux reprises : une fois lors d'un match de hockey sur glace et une fois au biathlon.

“Notre esprit d'équipe était fantastique, j'ai noué de très bons contacts avec des athlètes d'autres sports. ”

Bien sûr, on ne se revoit pas souvent, on voyage tous beaucoup. Mais quand nous nous rencontrons, nous nous souvenons tous que nous avons passé un moment très spécial ensemble aux JOJ 2016. Cela crée des liens !

À Lillehammer, j'ai notamment établi une relation toute particulière avec Mélanie Meillard. Après tout, nous sommes montées ensemble sur le podium à deux reprises et nous avons pu partager ces succès. En tant qu’athlètes d’un sport individuel, c'est plutôt rare pour nous. Cependant, depuis trois ans et demi, nos chemins se sont un peu séparés. J'ai d'abord été blessée pendant un certain temps, puis Mélanie. Mais j'espère que nous pourrons à nouveau concourir ensemble à l'avenir !

Juste après Lillehammer, je n'ai pas eu le temps de savourer mes succès et mes expériences aux Jeux Olympiques de la Jeunesse. De Norvège, je suis directement allée aux Championnats du monde juniors à Sotchi, où j'ai remporté l'or en combiné. C’est donc à la fin de la saison que j’ai vraiment pu fêter les médailles des JOJ chez moi, à Andermatt. Il y a même eu une petite réception !

Les championnats du monde de ski junior ne peuvent pas être comparés aux JOJ en termes de taille. Et même les « vrais » Championnats du monde de ski ne peuvent pas rivaliser à cet égard. Je l’ai remarqué lors des Championnats du monde de 2019 à Are. Là aussi, tout était une taille plus petite que lors des Jeux de la Jeunesse à Lillehammer.

Les athlètes des JOJ de Lausanne 2020 sont assurés de vivre un moment passionnant. Ces Jeux à domicile seront tout particulièrement grandioses pour les talents suisses. J'en suis convaincue. Je leur conseille de profiter de cette période et de garder le plus possible d’expériences de l'événement. Malheureusement, je ne pourrai pas assister aux compétitions à Lausanne et ailleurs. Mon emploi du temps ne me permet pas de faire un détour par les JOJ 2020.

Mais le fait de ne pas pouvoir vivre pour une deuxième fois les Jeux Olympiques de la Jeunesse en tant qu'athlète ne me rend pas nostalgique. En 2016, j'ai vécu une expérience unique avec les JOJ de Lillehammer. Grâce à cette expérience, j'ai pu progresser sur mon chemin vers l’élite. En attendant, je me suis fixé de nouveaux objectifs. L'un d'entre eux est de participer aux Jeux Olympiques d'hiver !

Sur le blog « Histoires d’athlètes - Sans filtre », des athlètes racontent des épisodes de leur vie avec leurs propres mots. Ils parlent de victoires et de défaites, de bons et de mauvais moments, du fait de tomber et de se relever. Les athlètes illustrent ainsi la diversité du sport suisse et montrent ce qui rend le sport si précieux.